Apparu en 1916 à Zurich, en Suisse, pendant la Première Guerre mondiale, le dadaïsme est un mouvement artistique, intellectuel et littéraire contestataire. Considéré par certains comme des anarchistes et par d’autres comme des poètes, ce mouvement au nom absurde vise à dénoncer une guerre tout aussi absurde. Il s’insurge contre l’ordre établi qui n’a pas su éviter un tel massacre.
Revenons, le temps de cet article, sur ces insurgés de l’art qui aspiraient, entre autres, à fusionner la vie avec leur conception de l’art.
Les piliers du dadaïsme
Souvent cité comme étant la figure de proue de ce mouvement, le jeune écrivain et poète français d’origine roumaine Tristan Tzara (1896 – 1963) fonde à Zurich, aux côtés de Jean Arp (1887 – 1966), Hugo Ball (1886 – 1927), Marcel Janco (1895 – 1984) et Sophie Taeuber-Arp (1889 – 1943), le mouvement Dada, dont le nom apparaît pour la première fois dans la revue Cabaret Voltaire publiée en 1916.
Naissance du mouvement
Comme mentionné précédemment, c’est dans le contexte de la Première Guerre mondiale que ce mouvement a vu le jour. À cette époque, de nombreux artistes fuyant les horreurs de la guerre, se sont retrouvés à Zurich, en Suisse.
Parmi eux figuraient les fondateurs du Cabaret Voltaire, Hugo Ball, écrivain, dramaturge allemand et traducteur français d’Arthur Rimbaud et Henri Barbusse, entre autres, ainsi que sa compagne Emmy Hennings (1885 – 1945), poétesse et danseuse, tous deux exilés. C’est Marcel Janco qui leur présenta Tristan Tzara et le couple Arp.
Tous partageaient un objectif commun, selon Tzara, « dépasser les formes de l’art pour atteindre la liberté de l’homme et de l’individu ».
Dadaïsme : le pouvoir du mot et la provocation artistique
Alors que la plupart des protagonistes souhaitent créer une galerie et une revue, Hugo Ball s’oppose à la création d’un mouvement artistique. Pour lui le dadaïsme se résume avant tout au pouvoir du mot. Des écrivains et poètes rejoignent le mouvement, tels que Louis Aragon, André Breton, Paul Éluard, Philippe Soupault, ainsi que des artistes comme Marcel Duchamp, Francis Picabia et Man Ray, actifs dans la peinture, l’écriture, la sculpture et la photographie. Rapidement, ce mouvement touche différentes disciplines artistiques en France, en Belgique, en Hollande, aux États-Unis et en Allemagne, où les artistes explorent notamment le photomontage dans le but principal de transmettre un message. L’esthétique bourgeoise est remise en question et dans le sillage dadaïste souffle un vent nouveau fait de provocations et de scandales.
Malgré l’émulation, les divergences au sein du mouvement sur la vision de ce que doit être la pensée dadaïste ainsi que les disputes de plus en plus fréquentes, créent une scission. Après la guerre, bien que le mouvement prenait de l’ampleur, il se désintègre peu à peu. De nouveaux groupes d’artistes émergent, puis en 1924, André Breton signe le Manifeste du surréalisme, annonçant ainsi le début d’un nouveau mouvement.
Insurrection artistique contre l’ordre établi
Mouvement nihiliste, le dadaïsme visait à faire table rase du passé. Après des massacres tels que Verdun et la bataille de la Somme, ce mouvement fut vécu comme un exutoire. On chantait, on dansait, on récitait de la poésie, et l’on buvait aussi beaucoup. Ce courant, dont le nom ne veut rien dire et dont la paternité de Tzara fut rapidement contestée, gagnait des adeptes, déconcertait, fascinait et scandalisait.
En tant que mouvement de libres-penseurs et d’anti-conformistes, dont la fin fut proclamée avec l’avènement du surréalisme, que reste-t-il aujourd’hui du dadaïsme ?
L’héritage du dadaïsme : défier la norme à travers l’art
Contestataire et libre, le dadaïsme était et reste un appel à s’affranchir des conventions. Dans un monde qui semble sans issue, comment ne pas songer, ne serait-ce qu’un instant, à ces femmes et ces hommes imparfaits pris dans leur égo, et qui avaient pourtant décidé de défier l’autorité de l’œuvre et la leur. À ces exaltés qui ne se prenaient pas au sérieux, à ces indignés et à leur manière de concevoir la révolte.
Sûrement le plus dérangeant et bien sûr le moins conventionnel des mouvements artistiques, dada continue d’essaimer partout où la dissidence en mode dérision est nécessaire.