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La Belle Ferronnière de Léonard de Vinci (1495-1497)

L’énigme derrière les plus grands chefs-d’œuvre : qui sont ces femmes anonymes dans l’art ?

Aujourd’hui nous allons nous pencher sur un sujet troublant et récurrent dans l’art, l’anonymat des femmes modèles. Invisibles pour la postérité, elles sont pourtant de celles qui, exercent un véritable pouvoir d’attraction, de celles dont on arrive à peine à détourner le regard. Mystérieuses beautés, pour certaines universelles, qu’elles soient incarnées dans La Jeune Fille à la perle de Vermeer, La Joconde de Léonard de Vinci, ou encore La Belle Ferronnière, ces femmes fascinent par leur mystère.

C’est pourquoi, nous allons nous intéresser de plus près à toutes ces femmes, qu’elles soient issues de cercles modestes, de la bourgeoisie ou de l’aristocratie, voire des tronies, toutes ont soulevé cette même question à travers les siècles : qui sont-elles vraiment ?

Inconnues célèbres et mystérieuses dans l’art

La jeune fille à la perle de Johannes Vermeer

Ce célèbre tableau représente une jeune fille au regard captivant, mais son identité reste inconnue. Très gracieuse, elle semble un peu perdue dans ses pensées. Surnommée la Joconde du nord, La jeune fille à la perle est ce qu’on appelle une tronie c’est-à-dire une étude de personnage typée, sans intention de représenter une personne spécifique. Cela signifie que la jeune fille représentée reste anonyme, universelle et incarne une sorte d’idéal intemporel​. Ces “trognes” apparaissent au alentour de 1630 en Hollande.

La Joconde de Léonard de Vinci

Bien qu’il soit communément admis que le modèle est Lisa Gherardini, l’identité de ce visage ô combien énigmatique reste sujet à de nombreuses hypothèses. Peinte par Léonard de Vinci entre 1503 et 1506, la Joconde est l’un des portraits les plus célèbres au monde. Représentant la femme d’un riche marchand florentin, elle intrigue par son sourire impénétrable et son regard qui semble suivre le spectateur. Exposée au Louvre, elle est souvent surnommée la “Mona Lisa” et incarne l’essence du mystère et de la beauté idéalisée dans l’art de la Renaissance. La Joconde a suscité bien des convoitises et a été dérobée en 1911 puis rendue au musée.

La Fornarina de Raphaël

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La Fornarina de Raphaël (1518-1519)

Quelle est l’identité de cette jeune femme à demi nue ? Supposée être Margherita Luti, la maîtresse de Raphaël, son attribution est encore débattue. Cette peinture réalisée entre 1518 et 1519 montre tout de même une certaine intimité entre l’artiste et son modèle, mais son statut et son histoire personnelle sont encore entourés de mystère. Toutefois, le véritable rôle de La Fornarina dans la vie de l’artiste reste énigmatique, ce qui contribue à l’aura de mystère entourant le tableau​

La Belle Ferronnière de Léonard de Vinci

La Belle Ferronnière est un portrait attribué à Léonard de Vinci, réalisé entre 1490 et 1496. Il représente une femme élégamment habillée avec une expression sérieuse et intense. Le tableau est souvent associé à une certaine Lucrezia Crivelli, qui aurait été une maîtresse de Ludovico Sforza, le duc de Milan. Cependant, l’identité exacte du modèle reste sujette à débat, ce qui contribue à l’aura de mystère entourant l’œuvre.

L’origine du monde de Gustave Courbet

L’Origine du monde, peint par Gustave Courbet en 1866, est l’une des œuvres les plus audacieuses de l’art du XIXe siècle. Ce tableau réaliste, qui brise les conventions de l’époque, a été commandé par un diplomate ottoman, Khalil-Bey, célèbre collectionneur de nus. L’œuvre n’a pas été exposée publiquement avant le XXe siècle en raison de sa nature controversée.

Quant au modèle, son identité est restée longtemps incertaine. Des spéculations ont circulé, suggérant qu’il pourrait s’agir de Joanna Hiffernan, la muse de Courbet et de l’artiste James Whistler, ou bien Constance Quéniaux, une danseuse de l’Opéra de Paris, hypothèse appuyée par des recherches récentes. L’œuvre, provocatrice et intense, questionne la relation entre art, sexualité et pouvoir, et renverse les codes traditionnels du nu féminin.

L’inconnue d’Ivan Kramskoï

L’inconnue est un tableau du peintre russe réalisé en 1883. Figure mélancolique et mystérieuse, son visage impassible et son regard direct vers le spectateur inhabituel pour l’époque, créent une aura de mystère autour de son identité. Bien que la femme soit inconnue, certains critiques y voient une représentation symbolique de la noblesse ou de la bourgeoisie russe à la fin du XIXe siècle, un mélange de beauté froide et d’isolement social.

Le portrait a pourtant fait l’objet d’une controverse car pour certains critiques, il s’agirait plutôt d’une prostituée. Pour d’autres encore, cette femme aurait été inspirée par Anna Karenine, héroïne du célèbre roman éponyme de Léon Tolstoï.

Un symbole universel de beauté et de mystère

À travers ces oeuvres magistrales, ces femmes anonymes sont devenues d’illustres inconnues. Véritables icônes malgré elles, tout comme tant d’autres femmes restées dans l’ombre des grands artistes masculins, l’histoire se charge aujourd’hui de leur rendre hommage.

Qu’elles aient été des muses inspiratrices, des maîtresses ou des inconnues, elles incarnent un idéal de beauté, de mystère et de fascination. Leur anonymat, loin de les effacer, les a élevées au rang de symboles universels. Ces oeuvres ont engendré au fil du temps d’innombrables spéculations et interprétations. Le fait d’avoir donné vie à ces visages, l’art transcende le temps et nous invite à une réflexion sur la place des femmes, souvent invisibles dans l’histoire mais inoubliables dans l’art. Ces portraits, bien plus que des œuvres, sont le miroir d’une quête d’identité et de sens, où l’absence de nom devient le gage d’une présence éternelle.

Elia L.

Tantôt rédactrice, tantôt artiste, je vous invite dans mon univers oscillant entre deux mondes.

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