Vous avez sûrement déjà aperçu dans un livre, sur internet voire lors d’une exposition l’oeuvre la plus célèbre de ce peintre suisse naturalisé britannique appelé « Le Cauchemar ». Précurseur du romantisme et du symbolisme, c’est dans le monde de la nuit, de ses créatures fantastiques et mythologiques, que Johann Heinrich Füssli révèle tout son génie. Peintre atypique, pas toujours apprécié par ses contemporains pour sa soi-disant arrogance, sa notoriété fut de courte durée. Oublié durant quasi un siècle, ses oeuvres sont redécouvertes grâce au surréalisme.
Une peinture littéraire
Une fois de plus, la peinture et la littérature sont très liées. Inspiré par William Blake, l’un des plus célèbres peintres britanniques et poète de surcroît, Füssli l’est également de William Shakespeare dont ses oeuvres marques de son empreinte toute la culture occidentale de l’époque. « Les trois sorcières » est une oeuvre qui témoigne de cette relation si particulière entre le peintre et la littérature shakespearienne. Füssli retranscrit ainsi une scène précise de ce roman et toute l’angoisse ressentie par son héroïne face à ces visages maléfiques de ces trois sorcières au nez crochu.
Il en est de même pour d’autres oeuvres qui viennent ainsi illustrer sa peinture comme la Divine Comédie de Dante Alighieri ou la saga germanique des Nibelungen. Désigné comme le peintre de l’étrange, Füssli a laissé des oeuvres puissantes et saisissantes où le mystère, le fantastique et la poésie se côtoient. Un univers fascinant et atypique où l’onirisme règne en maître. Peuplée de créatures étranges voire même terrifiantes qui évoluent dans des scènes inquiétantes, voilà ce qui caractérise la peinture dramaturgique du peintre. Füssli excelle avec l’intensité émotionnelle de ses personnages, un néo-romantisme pénétrant où le sublime flirte avec l’effroi.
Un artiste éclectique
Johann Heinrich Füssli est considéré comme un érudit, doté d’une grande et solide culture classique. Amateur de mythologique nordique et de littérature, cet ancien pasteur, s’éloigne des dogmes et crée un univers où l’émotion et l’expression de ses personnages sont mis en exergue. Ainsi la peur, la jalousie, la colère etc. se lisent sur le visage et dans la gestuelle des protagonistes de ses oeuvres.
Admiré et détesté à la fois par ses contemporains, Füssli ne laisse pas le regardant indifférent. Son génie et sa folie se meuvent dans une danse souvent funeste voire funèbre.
Son appétit pour la littérature, la philosophie et la poésie lui permet de montrer toute l’étendue de son registre pictural. Hanté sûrement tout autant que ses oeuvres, ce peintre de l’étrange va ainsi influencer de nombreux artistes à travers les siècles.