Née le 26 octobre 1862 à Stockholm au sein d’une famille d’officiers de marine, Hilma af Klint est aujourd’hui reconnue comme une pionnière de l’art abstrait, bien avant Vassily Kandinsky. Après avoir étudié l’art, elle fonde un groupe nommé « Les Cinq », composé également d’autres artistes femmes passionnées par le mysticisme et l’occultisme. Tout au long de sa vie, Hilma af Klint explore le domaine de l’invisible avec lequel elle entretient un lien étroit. Militante pour l’égalité dans le monde de l’art, elle rejoint la Société suédoise des femmes artistes en 1910. Dans cet article, découvrons le parcours hors du commun d’une artiste visionnaire, dont l’héritage dans ce nouveau langage artistique demeure inestimable.
Une artiste en avance sur son temps
Après avoir quelque peu vécu dans l’ombre des grands artistes de son époque, Hilma af Klint est désormais reconnue comme l’artiste européenne à l’origine de l’abstraction. Le décès de sa sœur cadette âgée de dix ans, marque un tournant dans la vie de la jeune Hilma, l’orientant vers le spiritisme et l’occultisme. En fondant une communauté appelée Fem (Les Cinq), elle explore le dessin automatique aux côtés de quatre autres artistes femmes. Cette fascination pour le spirituel et la théosophie n’est pas étonnante pour l’époque, puisque la plupart des pionniers de l’art abstrait, tels que Kandinsky, Mondrian, Malévitch, Kupka, partagent également ces intérêts.
Le mouvement théosophique, axé sur l’exploration des mystères de l’univers à travers la religion, la philosophie et la science, offre une alternative stimulante aux courants artistiques jusque-là confinés dans les limites de l’art académique. L’artiste croyait fermement en la communication avec des êtres supérieurs à travers des rituels et ses œuvres étaient souvent le fruit de ces expériences spirituelles.
Ainsi, l’art abstrait représente une exploration audacieuse et novatrice de l’expression artistique, où ces artistes s’engagent dans la quête d’une voie spirituelle encore inexplorée.
L’abstraction dans l’art
Selon Klint, l’abstraction représente l’expression spontanée de l’esprit vivant qui unit tous les êtres. Tout au long de sa carrière artistique, Hilma s’est efforcée de traduire à travers son art cette unité préexistante à la naissance du monde, mais qui aurait été fragmentée. C’est à travers différentes séries que l’artiste a exploré les formes libres, géométriques et organiques de ces connexions avec l’invisible.
C’est lors d’une de ces séances ésotériques que l’artiste reçoit un message lui indiquant de réaliser un ensemble d’œuvres pour orner un temple potentiel. Entre 1906 et 1915, elle compose cent quatre-vingt-treize tableaux. Une fois le Temple achevé, Hilma reprend la peinture abstraite.
Initialement artiste plutôt académique, Hilma a progressivement embrassé un chemin artistique audacieux qui, sans le savoir, jetait les bases d’un langage artistique ambitieux.
Bien que très prolifique, Hilma af Klint a demandé que ses dessins et peintures demeurent cachés durant vingt ans après sa mort. Ses peintures spirituelles ont rarement été exposées de son vivant car pour l’artiste le public n’était pas prêt à recevoir son œuvre. Décédée en 1944, c’est donc seulement dans les années 1960 que ses œuvres refont surface.
Explorer au-delà des frontières imposées par les conventions artistiques
Étudiante à l’Académie de Stockholm, l’une des premières institutions artistiques en Europe à admettre les femmes, elles furent néanmoins confrontée à des préjugés concernant leurs talents. C’est grâce à son implication dans les mouvements spirituels où les femmes jouaient un rôle prépondérant, ainsi qu’à ses propres convictions, qu’elle parvint à se libérer des contraintes d’un académisme étouffant pour se diriger vers une voie artistique novatrice.
Toujours en avance sur son temps, Klint rejetait la dualité entre hommes et femmes, et considérait qu’il n’existait aucune frontière entre les genres.