Écrivaine, poétesse et critique littéraire influente française, Annie Le Brun est décédée le 29 juillet 2024 à l’âge de 81 ans. Profondément enracinée dans le mouvement surréaliste dès son plus jeune âge, c’est sa rencontre avec les œuvres d’André Breton qui a fait d’elle une participante active de ce mouvement. Intellectuelle et rebelle, Annie Le Brun a contribué de manière significative au discours littéraire et philosophique du surréalisme.
Annie Le Brun : une poétesse et figure du surréalisme
Tout au long de sa carrière, Annie Le Brun a écrit de nombreuses œuvres notables. Ses recueils de poésie, tels que « Sur le champ » (1967) et « Les mots font l’amour » (1970), ainsi que ses essais comme « Lâchez tout » (1977) et « Les Châteaux de la subversion » (1982), reflètent son esprit innovant et rebelle.
Réputée pour son analyse critique des désastres sociétaux et environnementaux, elle met en exergue leur banalisation dans les médias contemporains ainsi que leurs racines profondes dans un mépris systémique des équilibres naturels. Ses œuvres ultérieures continuent d’explorer ces thèmes qui lui sont chers, offrant une critique rigoureuse de ce qu’elle appelait le « capitalisme du désastre » et de ses effets omniprésents sur la société mondiale.
En plus de ses œuvres écrites, les réflexions d’Annie Le Brun sur l’interaction entre la beauté et la révolte, ainsi que sa critique de la marchandisation de l’art ont laissé une empreinte durable sur la pensée littéraire et philosophique moderne. Son héritage continue d’inspirer des discussions sur le rôle de l’art et de la littérature dans la remise en question et la réflexion sur les normes et les crises sociétales.
La mort d’Annie Le Brun marque la fin d’une carrière prolifique qui a profondément façonné la littérature surréaliste et la théorie critique.
Pour le romancier Jean-Baptiste Del Amo, elle était l’une des dernières sentinelles face à notre abrutissement collectif, au désenchantement du monde et aux fossoyeurs de la poésie.
Une intellectuelle inclassable
Elle faisait partie de ces femmes qui osent et qui bousculent les conventions, au risque de se mettre une partie de l’intelligentsia à dos. Rapidement, ses écrits font polémique et critiquent ouvertement et violemment ce qu’elle nomme le « néo-féminisme ». C’est ainsi qu’elle évoque à la télévision française ce « stalinisme en jupon », en pointant du doigt Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Élisabeth Badinter ou encore Gisèle Halimi.
Durant toute sa carrière, Annie Le Brun n’a plaidé que pour la liberté d’expression des artistes et le droit imprescriptible de l’imagination.
Personnalité éminente de la critique littéraire et de l’écriture, particulièrement connue pour son expertise sur l’œuvre du Marquis de Sade, elle a consacré sa carrière à explorer les aspects sombres et obscurs de nos sociétés. Qualifiée d’héroïne inclassable de la pensée, elle a su concilier son engagement féministe avec une profonde exploration de l’érotisme. En tant que dernière personnalité marquante du surréalisme, elle laisse en héritage une œuvre d’une grande pertinence.
Une passionnée à l’esprit libre
Si quelqu’un devait incarner la pensée surréaliste, ce serait elle. Fidèle à l’insurrection radicale du surréalisme, elle dénonce le recyclage culturel, la dévastation des forêts et se révolte face à ce capitalisme vorace qui engloutit tout et asservit les âmes. Elle s’insurge également face à la financiarisation du monde. Pour cette penseuse hors norme, il est plus que nécessaire de redécouvrir et de retrouver une liberté authentique et spontanée, en se reconnectant de manière profonde et tangible au monde et à l’altérité.
Une reconstruction indispensable d’une connexion intime et profonde avec le monde qui nous entoure et avec les autres, en embrassant la diversité et en reconnaissant la valeur de l’autre.