Née en 1888 dans l’actuelle Ukraine autrefois partie de l’empire Russe, Chana Orloff était une artiste surtout connue pour ses sculptures figuratives et ses portraits ainsi que pour ses contributions significatives à l’art moderne. Bien qu’elle ait été acclamée de son vivant, l’artiste est maintenant malheureusement peu connue du grand public, même si ses œuvres sont largement présentes dans les collections françaises et internationales, particulièrement en Israël. Grâce à des rétrospectives et des expositions dédiées à son œuvre, comme celle actuellement en cours au musée Zadkine jusqu’au 31 mars 2024, cette femme, dont rien ne la prédestinait vraiment à devenir sculptrice, demeure l’une des figures majeures du XXe siècle. Découvrons ensemble le parcours incroyable de cette artiste indépendante qui a marqué son époque.
Entre les deux guerres
C’est en 1910 que Chana Orloff, huitième d‘une famille juive de neuf enfants, arrive à Paris. Son intention, apprendre la couture dans la capitale française réputée pour son savoir-faire. Mais la vie lui réserve bien des surprises car ce n’est pas dans la confection de vêtements qu’elle fera carrière mais dans la sculpture. Un an après son installation à Paris qui vit une frénésie artistique, Chana Orloff trouve sa voie et se classe deuxième lors du concours d’entrée à l’École des arts décoratifs. Elle poursuit également ses études à l’Académie Marie-Vassilief et fait rapidement la connaissance d’artistes majeurs de l’époque, tels que Picasso, Foujita, Modigliani et Soutine, qui deviendront ses amis.
En 1916, elle épouse le poète polonais Ary Justman qui meurt peu de temps après la naissance de leur fils en 1919 les laissant seuls à Paris. Quelques années plus tard, Chana Orloff devient la portraitiste de l’élite parisienne. Sa carrière décolle, elle expose à Amsterdam puis à New-York. C’est dans sa résidence-atelier villa Seurat construit par Auguste Perret, que l’artiste vit et travaille.
Ayant vécu dans sa jeunesse en Palestine et artiste émérite, c’est tout naturellement que le premier Maire de Tel-Aviv lui demande de l’aide pour la création du musée de la ville. Durant ces quatre années, elle se consacre à ce projet tout en sculptant des portraits qui y seront exposés en 1935 et qui connaîtront un véritable succès. Deux ans plus tard, de retour à Paris, c’est au Petit Palais que l’artiste expose à nouveau.
L’exode d’une artiste
Son retour à Paris, alors occupé, expose Chana Orloff à des dangers considérables, mais malgré cela, elle continue de travailler. La veille de la rafle du Vél’ d’Hiv, elle est heureusement alertée par deux amis français. Dans la précipitation, elle quitte la ville avec son fils en direction de la France libre, où elle rencontre le peintre Georges Kars. Ensemble, ils quittent la France pour la Suisse. Là-bas, elle expose, puis une fois la guerre terminée, elle retourne à Paris pour retrouver sa résidence-atelier totalement saccagée. Malgré ces épreuves, Chana Orloff se remet au travail avec force et résilience, poursuivant ainsi son œuvre.
Une carrière internationale
Il est rare qu’une artiste connaisse un tel triomphe de son vivant. À partir de 1949, de nombreuses rétrospectives sont organisées à travers le monde. Après une tournée éclatante, Chana Orloff retourne en Israël où elle travaille sur différents projets. Sa renommée continue de croître jusqu’à ce qu’elle tombe malade et s’éteigne à Tel-Aviv en 1968.
Peu à peu, cette artiste au parcours si singulier, qui avait été célébrée de son vivant, sombre dans l’oubli. Aujourd’hui grâce à des passionnés, Chana Orloff retrouve tout son aura d’une artiste hors du commun.