malachite
Malachite

Pigments minéraux : des grottes préhistoriques aux chefs-d’oeuvre de la Renaissance

Depuis des millénaires, les minéraux ont joué un rôle crucial dans l’art. Extraits de la terre, ils ont été utilisés par les hommes dès les premières manifestations artistiques de l’humanité, des fresques des grottes préhistoriques aux chefs-d’œuvre de la Renaissance. Leur influence s’étend bien au-delà de la simple esthétique, car ces pigments ont façonné les styles artistiques et permis aux artistes de représenter le monde avec une fidélité et une vivacité incomparables. Cet article explore l’histoire fascinante des pigments minéraux, leur évolution et leur impact indélébile sur l’art à travers les âges.

L’histoire des pigments minéraux

lapis lazuli
Lapis lazuli
Sceau de timbre
Babylone

L’utilisation du minéral a commencé à l’ère préhistorique. Les premiers artistes utilisaient des minéraux trouvés dans leur environnement. Les pigments les plus anciens ont été découverts dans des peintures rupestres, datant de plus de 40 000 ans.

C’est ainsi que les égyptiens, les sumériens, les grecs et les romains ont ainsi exploiter les richesses de leurs sols, souvent à grand frais que ce soit sur un plan humain ou économique. Les Égyptiens utilisaient des pigments pour créer des fresques colorées dans les tombes et les temples. Les sumériens, pionniers de la civilisation mésopotamienne, utilisaient des minéraux locaux pour fabriquer des pigments pour leurs sculptures et bas-reliefs. Les grecs ont perfectionné l’art de l’encaustique, une technique utilisant des pigments mélangés à de la cire chaude pour leurs fresques et sculptures. Les Romains, héritiers des techniques grecques, ont également utilisé les pigments de minéraux dans leurs mosaïques et fresques murales grâce des carrières à travers tout l’empire.

Toutes ces civilisations ont investi considérablement dans l’extraction et le traitement des minéraux. Cela montre l’importance de ces ressources pour leurs réalisations artistiques.

Les principaux pigments minéraux et leurs origines

L’ocre : utilisé depuis la préhistoire, l’ocre se décline en différentes teintes allant du jaune au rouge. L’ocre jaune provient de la limonite, tandis que l’ocre rouge est dérivé de l’hématite.
L’azurite et le lapis-Lazuli : ces minéraux fournissent des pigments bleus intenses. Le lapis-lazuli, en particulier, a été prisé durant le Moyen Âge et la Renaissance pour produire le bleu outremer, souvent utilisé dans les représentations religieuses.
La malachite : ce minéral vert a été utilisé depuis l’Antiquité pour créer des pigments verts vifs.
Le cinabre : source naturelle de mercure, le cinabre produit un rouge vif et était utilisé dans la Chine ancienne et par les Romains.
L’orpiment et le réalgar : ces minéraux fournissaient des pigments jaunes et oranges, malgré leur toxicité, en raison de leur couleur intense.

Évolution des techniques de fabrication des pigments

oeil d'horus
Oeil d’Horus
Bleu égyptien

Les techniques de fabrication des pigments ont évolué au fil des siècles. Au Moyen Âge et à la Renaissance, les alchimistes et les artistes ont expérimenté avec divers minéraux pour améliorer la stabilité et l’éclat des couleurs. Ces avancées ont permis, par la suite, de créer des pigments synthétiques, plus accessibles et moins coûteux selon les couleurs.

A souligner que les pigments de synthèse étaient déjà connus dans l’Égypte ancienne. Dès le 3ème millénaire avant notre ère, les artisans égyptiens, maîtres des arts du feu, ont mis au point un silicate de cuivre et de calcium, le « bleu égyptien » considéré comme le premier pigment artificiel connu​. Dans l’Égypte ancienne, la couleur bleue est sûrement l’une des plus populaires.

De plus, chaque couleur avait son propre symbolisme et était créée en mélangeant divers éléments naturels et ces mélanges se sont standardisés avec le temps pour assurer une uniformité dans les œuvres d’art.

Pour ce qui est de l’Europe, les techniques de fabrication des pigments ont continué à évoluer. En Gaule, dès le XIème siècle, des artisans ont commencé à produire localement des pigments, souvent des bronziers plutôt que des verriers, ce qui montre une adaptation et une évolution des techniques héritées des civilisations précédentes.

L’impact des pigments minéraux sur l’art

Les pigments minéraux ont profondément influencé l’art. Ils ont permis aux artistes de représenter le monde avec une précision plus accrue. Les couleurs obtenues à partir de ces minéraux ont également influencé les styles artistiques. Par exemple, le bleu outremer du lapis-lazuli, rare et coûteux, était souvent réservé aux sujets religieux importants, la Chapelle Sixtine de Michel-Ange en est un exemple. Il en est de même pour  La Jeune Fille à la Perle de Vermeer où l’utilisation du lapis-lazuli est employé pour les tons bleus du turban.

De nos jours, les artistes continuent d’utiliser des pigments issus de minéraux, mais ils sont confrontés à des défis tels que la toxicité de certains minéraux et la durabilité des pigments. Les scientifiques et les artistes collaborent pour développer des alternatives plus sûres et plus stables, tout en préservant l’intensité des couleurs minérales traditionnelles.

La minéralogie : une science vivante

Il est à noter que chaque année, une centaine de nouveaux minéraux sont découverts. En France, au musée de minéralogie de l’École des Mines, vous pourrez découvrir l’une des collections de minéraux les plus importantes au monde.

Ainsi, les minéraux ont toujours occupé une place centrale dans l’art, en particulier dans la peinture. De l’ocre des peintures rupestres à l’ultramarine des chefs-d’œuvre de la Renaissance, les pigments issus des minéraux ont permis aux artistes de capturer la beauté et la complexité du monde. Leur rôle dans l’art continue d’évoluer, grâce notamment à la fusion des traditions anciennes et des innovations modernes.

Elia L.

Tantôt rédactrice, tantôt artiste, je vous invite dans mon univers oscillant entre deux mondes.

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