Dans le domaine de la création artistique, le désir tient une place prépondérante. Qu’il soit abordé sous un angle philosophique, sociologique, poétique, psychologique, esthétique ou historique, le désir semble intrinsèquement lié à l’art et par conséquent à l’artiste. Considéré pour les uns comme une force fondamentale, le désir s’inscrit dans l’intime et dans les sensations les plus archaïques où symbolisme et sensoriel fusionnent.
La transformation des sensations primaires
Lors du processus créatif, l’artiste travaille et façonne cette énergie intérieure qui le pousse à créer. Elle peut être perçue comme une force fondamentale, véritable matériau qui vient nourrir sa créativité. Il permet de questionner, de transformer et d’exprimer à travers l’oeuvre, sa propre représentation de cette essence primitive.
Pour certains philosophes, l’exploration du corporel et du sensoriel ouvre les portes à des sensations originelles. Ils suggèrent même qu’une rupture avec l’archaïsme est nécessaire, permettant ainsi de se libérer de sa toute-puissance et du désir de fusion.
Chaque création devient alors une nouvelle réalité où la rupture avec l’obsolète ouvre la voie à des nouveaux espoirs et satisfactions permettant à l’artiste de transcender ses propres limites et d’explorer des horizons inattendus dans son processus créatif.
Le désir : une quête de sens
Le désir dans l’art peut être perçu également comme une quête de sens, une manière de rechercher la vérité ou sa vérité. L’art comme un moyen d’explorer et de transcender les limites de l’existence humaine.
Le désir : un plaisir esthétique ?
L’idée première de l’esthétique en tant que sensation peut rapidement être associée à une dimension sexuelle. Une œuvre d’art peut engendrer une forme de plaisir très élaborée. Tout comme l’homme dépend de son corps pour éprouver physiquement du plaisir lors d’un acte sexuel, il peut tout autant dépendre de ses sens pour éprouver esthétiquement du plaisir face à une œuvre d’art.
Désirs intimes et universels
Le désir peut être donc métaphorisé dans l’art et ainsi exprimer les émotions profondes de l’artiste. Utilisé comme un symbole, il raconte les peurs, les aspirations et les passions. Véritable moteur dans le processus créatif, le désir habite l’artiste, le stimule, le guide et l’amène à explorer des terres inconnues. Il se questionne et se met en danger en bousculant les idées et les conventions établies.
Le contexte social et historique : évolutions des désirs
Par ailleurs lorsqu’on aborde le désir dans l’art, replacer cette notion dans son contexte sociologique et historique s’avère souvent pertinent. Certains artistes vont ainsi refléter dans leur art, les défis sociétaux, les valeurs, croyances et idéaux culturels. Ils expriment leurs désirs personnels ou collectifs et peuvent également critiquer les idées reçues.
L’histoire de l’art montre comment ces désirs présents dans l’art ont évolué au fil du temps influencés par les changements sociaux et bien sûr par les mouvements artistiques qui se sont succédés.
Au XVIIIe par exemple face à la censure et à une société très moraliste, le désir dans l’art s’évoque de manière très suggestive par des regards appuyés ou des jeux de miroir. C’est dans les alcôves, à l’abri des regards, que les artistes peuvent proposer leurs oeuvres décrites comme licencieuses souvent inspirées par la relation intime entre l’artiste et sa muse, capturant l’élan passionné et parfois interdit de leurs liaisons.
L’artiste va alors transcender les frontières, et offrir une terre vierge à celles et ceux qui souhaitent s’y aventurer. Explorer la nature humaine et la mettre à nu.
Les racines du désir artistique
L’artiste ébranle les limites, les repousse et crée un monde qui lui est propre. C’est cela qui se joue aux sources mêmes du désir. Rompre avec ce qui n’est plus, s’en détacher pour mieux l’approcher et l’incarner. C’est à cet instant précis, qu’il vit cette expérience de satisfaction ultime qu’il recherchera à créer inlassablement et qui deviendra un véritable besoin.
