Artiste franco-hongroise née en 1924 et décédée début décembre 2023, Véra Molnár aurait eu 100 ans l’année prochaine. Considérée comme l’une des pionnières du codage informatique dans l’art, l’artiste est reconnue pour son travail novateur dans le domaine de l’art algorithmique et l’art génératif.
L’ordinateur comme outil artistique
Véra Molnár a débuté sa carrière dans les années 1940 en explorant différentes formes d’art, notamment la peinture abstraite et l’art cinétique. C’est dans les années 1960 que l’artiste s’est intéressée à l’informatique et à la programmation. Son exploration a commencé par la création d’œuvres à partir d’algorithmes et de processus informatiques pour générer des motifs géométriques et des compositions abstraites.
C’est sa rencontre en France avec des artistes tels que Jesús Rafael Soto, Sonia Delaunay et François Morellet qu’elle se détourne de la figuration pour s’orienter vers l’abstraction géométrique.
Ses créations se caractérisent par des formes géométriques précises et répétitives qui explorent et expriment la relation entre l’ordre et le chaos. Elle utilise ainsi les capacités des ordinateurs pour créer des œuvres qui évoluent au fil du temps voire qui explorent différentes variations à partir d’un algorithme de base.
Du fait de sa très longue carrière, l’artiste a exploré le collage, le dessin, la peinture, la sculpture, la photographie… et les programmes informatiques pour réaliser ses nombreuses œuvres, installations et livres d’artiste.
La production de l’artiste, composée de formes simples et de jeux d’illusions visuelles, s’inscrit dans le courant de l’art concret.
Un art qui construit et déconstruit
Véra Molnár a toujours cherché la façon de construire et déconstruire, de faire et de défaire jusqu’à trouver ce qui s’en détache, s’en extrait. Même si l’artiste utilisait l’informatique comme un outil dans ses créations, c’est avec sa tête et ses mains qu’elle créait. Il s’agit plus d’une sorte de co-production, d’un jeu entre elle et la machine.
C’est ainsi qu’elle a exploré les territoires de l’art concret, de l’abstraction géométrique et du constructivisme, en unissant les concepts mathématiques et la géométrie. Son art transcende le réel, conçu par l’esprit, il offre une création universelle dépourvue de toute référence tangible.
La création comme une obsession
L’art est vécu par Véra Molnár comme une obsession. Celle de la répétition, du trait, de la ligne, de ces formes simples où le hasard s’invite voire se convoque. Mais nul dogme ou enfermement quelconque, elle reste une artiste libre et indépendante.
Ses œuvres comprennent souvent des séries de dessins, de peintures et d’installations qui comme souligné précédemment exploitent la répétition, la sérialité et la précision géométrique. Véra Molnár était passionnée par l’idée de créer des œuvres d’art visuellement stimulantes en utilisant des règles mathématiques et des systèmes algorithmiques.
Vera Molnar et le marché de l’art
Sa décision de privilégier les expositions dans les centres d’art et son hésitation à s’engager sur le marché de l’art ont-elles contribué au retard de sa reconnaissance ? Quoi qu’il en soit, Véra Molnár est devenue une figure influente dans le développement de l’art numérique. Bien qu’elle s’était retirée du monde artistique, elle a participé ces dernières décennies à de nombreuses expositions internationales. Son travail a largement contribué à élargir les horizons de l’art contemporain en explorant les possibilités offertes par la technologie et en remettant en question les conventions traditionnelles de création artistique.
Ses réalisations novatrices lui ont valu de nombreuses distinctions et prix, et ses œuvres figurent parmi les collections d’art les plus prestigieuses à travers le monde.