Qui n’a jamais entendu parler de l’un des plus grands poètes et écrivains de la littérature française, Victor Hugo. Mais connaissiez-vous en revanche son attrait pour l’au-delà ? Victor Hugo a traversé une période sombre d’exil et de deuil, marquée par la mort tragique de sa fille Léopoldine en 1843. Cet événement le plonge dans une quête de sens et d’espoir, qu’il espère trouver en établissant une connexion avec les esprits. Lors de son exil sur l’île de Jersey, Hugo se tourne vers le spiritisme, une pratique alors très en vogue à cette époque. À travers des séances de « tables tournantes », il communique avec les esprits et reçoit prétendument des messages qui influencent certains de ses écrits. Plongeons ensemble dans cet épisode singulier de la vie de Hugo, où poésie et surnaturel s’entremêlent.
L’exil de Jersey : naissance d’une fascination pour le spiritisme
Remontons jusqu’en 1853, en plein Second Empire, lorsque Victor Hugo s’exile à Jersey pour fuir la répression politique. Cet isolement le pousse à explorer les mystères de l’esprit et à rechercher une forme de réconfort. L’île devient le théâtre de ses premières expériences spirites, où, avec l’aide de proches tels que sa belle-sœur Juliette Drouet et d’amis, l’écrivain organise des séances de communication avec les esprits. Son désir de communiquer avec sa fille défunte, Léopoldine, est le moteur de cette fascination, mais les séances spirites prennent rapidement une dimension plus étendue dans sa vie.
Le Livre des tables : recueil d’un dialogue avec l’invisible
Les séances spirites de Victor Hugo sont soigneusement documentées dans Le Livre des tables, un recueil étonnant qui retrace des centaines de conversations avec des figures illustres de l’histoire, comme Shakespeare, Jésus, Dante ou encore Molière. Ce texte, compilé à partir de 1853, nous révèle des dialogues étranges où les esprits deviennent des messagers, transmettant des idées sur la vie, la mort et la condition humaine. Pour le poète, ces messages inspirent et renforcent certaines de ses conceptions philosophiques, notamment son idée d’universalité et d’amour transcendant.
Ces séances auraient aussi permis à Victor Hugo d’approfondir ses réflexions philosophiques et poétiques.
Une influence mystique sur les œuvres poétiques de Victor Hugo ?
Si certains considèrent ces séances comme des jeux de l’esprit ou une mode, d’autres y voient un moyen pour lui de sonder des profondeurs psychologiques et spirituelles qu’il réintégrera dans son œuvre. Les poèmes de Les Contemplations (1856) ou encore La Légende des siècles (1859) reflètent cette influence mystique et ce dialogue avec l’au-delà. Des poèmes tels que Ce que dit la bouche d’ombre semblent inspirés par cette quête de sens, où l’homme interroge les mystères de la vie après la mort, et la nature de l’âme.
Une mode ou une quête spirituelle authentique ?
À l’époque, le spiritisme séduit de nombreux écrivains et intellectuels, fascinés par l’idée de communiquer avec les esprits. Cependant, chez Hugo, cette pratique semble dépasser la simple expérimentation. Pour lui, les messages spirites apportent un espoir et des réponses à des questions existentielles. La recherche d’un dialogue avec les esprits n’est pas pour Hugo une simple distraction ; elle devient une démarche quasi philosophique, un moyen de s’interroger sur la destinée humaine et sur la possibilité d’un au-delà.
Pourquoi ce recueil est-il singulier ?
Le Livre des Tables est à la fois un témoignage de la quête spirituelle de Victor Hugo et un document fascinant sur le spiritisme au XIXe siècle. Les dialogues sont imprégnés de questionnements métaphysiques et illustrent la curiosité intellectuelle et mystique de l’écrivain. Au-delà de sa dimension spirituelle, le livre est également une œuvre littéraire où Hugo mêle ses doutes, ses croyances et son talent poétique pour rendre compte de l’invisible.
Deux années de communication avec l’au-delà
Il semblerait que l’écrivain ait pratiqué deux ans le spiritisme, principalement entre 1853 et 1855, durant son exil sur les îles anglo-normandes de Jersey et de Guernesey. Particulièrement intense au début, avec plusieurs sessions par semaine voire même parfois quotidiennement. Bien qu’il mit un terme après 1855, les expériences qu’il en tire continueront d’influencer ses pensées et ses écrits. Le compte rendu de ces séances, sera publié après sa mort.
Entre mythe et réalité, un héritage littéraire énigmatique
Les séances spirites de Victor Hugo restent un épisode controversé de sa vie, alimentant mythes et débats. Elles soulignent une quête de sens marquée par une douleur personnelle et une profonde réflexion sur l’existence. Si les esprits ont réellement inspiré Hugo, leur influence a peut-être contribué à enrichir une œuvre empreinte de mysticisme et de questionnements existentiels. Ces dialogues avec l’invisible, qu’on les prenne pour de l’authentique mysticisme ou de l’inspiration poétique, révèlent un auteur en perpétuelle recherche, au carrefour de la foi, du doute et de la création littéraire.