Archétype présent dans plusieurs mythologies, l’arbre cosmique est une figure ombilicale souvent représentative d’un tout. En fonction des croyances, il y convergent les quatre éléments (l’eau, la terre, le feu et l’air) mais aussi les quatre saisons, les quatre vents et les quatre astres (le soleil, la terre, Venus et la lune).
Appelé également l’arbre du monde ou arbre-monde, il est celui qui relie les mondes célestes au monde terrestre et au monde souterrain. Passerelle, l’arbre cosmique est tantôt un frêne et se nomme Yggdrasil dans les croyances scandinaves et germaniques, tantôt un chêne chez les Celtes comme axe du monde ou un bouleau chez les amérindiens et les ancêtres des peuples russes etc.
L’arbre quel qu’il soit représente un monde à lui seul et peut être soit porteur du cosmos ou au centre de celui-ci.
Il est, arbre de vie.
Une figure mythologique
De nombreux peuples à travers le monde mentionnent l’arbre-monde, cette figure à laquelle est rendue un véritable culte. Au-delà d’être un arbre sacré, l’arbre cosmique représente bien plus que cela. Symbole ancien et universel, il est ce lien entre le profane et le divin.
Dans de nombreuses légendes, contes et mythes, l’arbre de vie ou l’arbre cosmique est considéré à la fois comme un élément naturel et surnaturel. Souvent il est représenté avec ses racines dans le monde souterrain et ses branches dans l’empyrée.
Outre le fait d’habiter maints récits anciens, l’arbre cosmique est toujours visible pour celle et celui qui le désire. Pour cela, il suffit de regarder autour de nous. Souvent centenaire, il peut trôner majestueux et solitaire au beau milieu d’un pré, ou se trouver au contraire au contact de ses congénères. Remarquable par sa stature, l’arbre cosmique porte en lui tout le mystère du cosmos.
Vivant dans le Morvan, massif de basse montagne situé en région Bourgogne France-Comté, ce lieu est réputé pour ses essences. C’est tout naturellement que je me retrouve donc au contact de ces chênes, châtaigniers, frênes… et autres charmes somptueux. Comme de nombreux habitants de cette zone montagneuse, je suis tombée amoureuse de ces arbres dont la plupart sont pluriséculaires et portent en eux tout un imaginaire, notre imaginaire. Vénérés et craints au fil des siècles, ils semblent être là debout depuis des temps immémoriaux. Ayant une importance considérable dans l’écosystème terrestre, ils ont également une place prépondérante dans notre cosmogonie.
Quelle que soit l’origine de notre groupe ethnique, l’arbre a une dimension ordinaire et sacrée.
L’arbre dans les traditions des peuples du nord
Pour les scandinaves et les germains, il se présente sous le nom d’Yggdrasil et se manifeste sous les formes d’un frêne géant. Son nom signifie « cheval d’Ygg » ou encore « destrier du redoutable » qui fait référence à Odin, dieu principal de la mythologie nordique. Selon la tradition, c’est pendu à une branche d’Yggdrasil durant neuf jours qu’Odin percé par une lance découvrit le secret des runes.
L’arbre chez les Aztèques
Appelé Xochitlicacan, il est l’un des éléments principaux du paradis terrestre Tamoanchan situé au centre du cosmos. C’est lui qui délimite les trois sphères cosmiques, le ciel par son feuillage, le centre de la terre par son tronc double et l’inframonde par ses racines.
L’arbre dans la tradition chinoise
L’arbre Kien-Mou est la figure de l’arbre de vie ou cosmique qui se dresse une fois de plus au centre du monde. Pourvu de neuf branches et de neuf racines, c’est par celles-ci qu’il accède aux neuf cieux et aux neufs sources. C’est cet arbre que l’Empereur emprunte pour accéder à ces différents royaumes.
L’arbre dans la culture juive
Dans la kabbale, l’arbre de vie symbolise les lois de l’univers. Il peut être vu comme ce processus de création émanant du créateur représentant autant le macrocosme c’est à dire l’univers que le microcosme c’est à dire l’être humain.
L’arbre chez les chrétiens
Dans la religion chrétienne, l’arbre sacré présent dans la genèse évoque également l’axe du monde. Il est l’arbre de la connaissance dans le paradis primordial.
D’autres peuples évoquent cet arbre cosmique dans leur folklore c’est le cas des tahitiens, des africains, des hongrois, des japonais etc.
L’arbre, axe du monde
Dans de très nombreuses cultures, l’arbre symbolise la verticalité et l’axe. Il est souvent ce médiateur entre la terre et le ciel. L’idée de l’ascension vers le monde céleste est représentée auprès de certains peuples par un poteau chamanique comme dans les yourtes sibériennes par exemple, par un totem etc.
L’arbre pilier du monde est perçu comme un médiateur. Il peut soutenir le cosmos ou il peut être ce lien entre les mondes. L’arbre cosmique se déploie dans sa verticalité (cieux et inframondes) mais également dans son horizontalité (étendue terrestre). Il unifie ainsi le céleste et le terrestre et c’est sans rappeler l’image de la croix (verticalité et horizontalité) devenue plusieurs siècles plus tard un des symboles les plus représentatifs du christianisme.
De nombreuses constructions à travers les âges peuvent ainsi évoquer la verticalité de l’arbre voire la forêt comme les piliers en pierre de temples antiques voire même pour certains les cathédrales.
L’arbre, colonne verticale
Toujours dans la symbolique de l’arbre, certains voient dans L’homme de Vitruve de Léonard de Vinci une conception plus cosmique et universelle.
L’arbre inversé
La symbolique de l’arbre inversé se retrouve également dans de nombreuses cultures. Pour certaines il se rapporte au macrocosme et au microcosme. Dans cette figure de l’arbre inversé, ce sont les racines qui puisent l’énergie divine dans le ciel vers les branches de l’arbre. Il représente ainsi la manifestation divine dans le cosmos et ce mouvement descendant. Il offre une certaine réciprocité également. L’arbre inversé est une figure très présente dans l’hindouisme.
L’arbre des Séphiroth
Appelé également « l’arbre des portes et des ponts« , il est l’arbre de vie qui dans la kabbale (courant ésotérique et mystique du judaïsme) représente symboliquement les lois de l’univers. Composé de dix sphères qui décrivent dix différents niveaux de réalité ou dix mondes, chaque niveau ou monde est le reflet de dieu et aussi de l’être humain. Les Séphiroth se parcourent dans les deux sens, descendant lorsque Dieu déploie son énergie créatrice, c’est le chemin de la création ou ascendant lorsque l’homme marche vers Dieu, c’est le chemin de l’éveil.
L’arbre des Séphiroth est tout simplement fascinant et demanderait par sa richesse à un lui seul tout un article !
Sources :
Les paradis de brume, Alfredo López Austin
Wikipédia
blogostelle.com