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Forêt du Morvan crédit photo @elialutz

La forêt entre réalité et imaginaire : un chemin vers l’inconnu et vers soi-même

À la fois fascinante et redoutée, la forêt est sûrement l’écosystème qui éveille le plus en nous de craintes enfouies, d’instincts primaires et d’émerveillements ! Sacrée et universelle, elle inspire depuis toujours des contes et légendes à travers le monde. Qu’elle représente cette frontière poreuse entre deux mondes, ce royaume de dualité entre ombre et lumière, ou encore ce lieu sombre et insondable, la forêt oscille sans cesse entre mystères et révélations.

Si, comme moi, vous ressentez ce désir irrépressible de vous y perdre, alors suivez-moi dans ce lieu proche et lointain à la fois. Franchissez ce seuil où le familier se dérobe et où commence l’inconnu. Mais prenez garde, nul ne reviens tout à fait indemne de l’antre de la forêt. Car ce que vous y découvrirez, pourrait bien être ce que vous ignoriez chercher…et qui pourrait, à jamais, vous transformer.

La lisière : frontière d’un monde oublié

Elle est ce passage entre le connu et l’inconnu, entre le domestiqué et le sauvage, un lieu d’une richesse poétique infinie. La lisière symbolise ce seuil, cet espace de transition nécessaire qui invite à une exploration plus profonde et secrète. Dans de nombreux mythes et légendes, elle se dresse telle un entre-deux, théâtre d’apparitions étranges.

C’est là, à cet endroit précis, que le royaume des hommes s’évanouit et que celui des esprits prend forme. Sachez pourtant, que la lisière n’est ni tout à fait ici, ni tout à fait ailleurs. Car il est dit que la lisière est vivante, mouvante, qu’elle observe, gardienne silencieuse qui ne laisse pénétrer dans ses entrailles, que ceux qu’elle a choisis. Les anciens racontaient, qu’il fallait lui susurrer des mots doux, des mots empreints de magie. Et c’est alors, et seulement à ce moment là, que la lisière consent à dévoiler tous ces mystères.

Un espace liminaire allégorique

Dans la poésie, la lisière est souvent représentée comme une métaphore du passage, autant physique que symbolique. Elle est ce point de bascule où naissent les contes et les légendes, où les esprits viennent défier les hommes et où les protagonistes qui osent franchir cette frontière deviennent des héros.

Tel un seuil émotionnel, la lisière peut inspirer à la fois un sentiment de sécurité et d’angoisse. Elle est souvent associée à l’introspection, où les âmes sensibles peuvent ressentir une connexion avec la nature, et avec leur propre intériorité.

Une frontière vivante

D’un point de vue visuel, la lisière révèle le contraste saisissant entre la lumière à la l’orée des bois et l’obscurité des profondeurs de la forêt. Elle fascine les poètes et les artistes qui perçoivent dans cette dualité, un creuset mystique et romantique. À la fois passage pour les vents, elle devient ce lieu de rites et d’interdits, croisement mystérieux où l’invisible frôle le visible.

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Forêt Morvan
crédit photo Elia Lutz

Les sous-bois : entre ombres et lumières

Ils sont le cœur même de la forêt, où l’organique reprend ses droits, où le jour se fait nuit. Pénétrer les sous-bois, c’est accepter de se perdre et d’abandonner ses repères. Car les sous-bois représentent un écosystème à part, fait de décompositions, d’odeurs puissantes, de sons pénétrants et de silences inquiétants, où la poésie naît des craquements et des tensions palpables.

Véritable écrin de mystères, c’est là, dans ce monde caché, loin de l’agitation humaine que tout se métamorphose. C’est dans cet univers feutré à l’atmosphère légèrement inquiétante, que les repères s’évanouissent, et que, à l’abri des regards, la forêt déploie toute sa magie.

Un royaume de contes et légendes

Les sous-bois sont omniprésents dans les contes et légendes car ils sont cette terre de rencontres avec l’étrange, un lieu de métamorphoses perpétuelles. Ici, le cycle de la vie et de la mort transpire dans chaque feuille, dans chaque branche, dans chaque respiration du vivant. À la croisée du tangible et de l’imaginaire, le grandiose côtoie l’infime.

Théâtre de tant d’épreuves, c’est dans les sous-bois qu’Hansel et Gretel font face à la sorcière, que Blanche Neige y est conduite par le chasseur, que le Petit Poucet et ses frères sont abandonnés ou que Boucle d’Or rencontre les ours. Les sous-bois deviennent ce lieu d’initiation fait de rites de passage, où l’obscurité, les épreuves et les rencontres deviennent des quêtes initiatiques.

Un refuge poétique à la croisée de l’effroi et de l’émerveillement

La poésie des sous-bois porte en elle cette ambivalence si précieuse aux poètes et aux artistes. À la fois refuge et piège, ils nous invitent à nous confronter à nos peurs les plus enfouies pour les transmuter. Ils deviennent alors un terreau fertile, indispensable à la métamorphose, où chacun peut devenir le héros de sa propre histoire.

Ni totalement hostiles, ni totalement protecteurs, les sous-bois au-delà des récits fantastiques incarnent le champ de tous les possibles. Tels une matrice où s’opère une renaissance après une mort symbolique, ils représentent peut-être ce que nous recherchons tous. Car lorsque nous nous engageons dans l’antre de la forêt, c’est à nous-mêmes que nous renaissons.

Pas tout à fait perdu

Vous l’avez bien compris, on ne se perd jamais vraiment dans la forêt. Chaque recoin, chaque ombre, chaque clairière nous ramène à une vérité profonde et intime. Lieu de rêverie où l’imaginaire ne cesse de vagabonder, la forêt avec ses mystères et ses méandres, nous offre bien plus que ce que nous pensions y percevoir. Elle nous offre un chemin unique, un retour… vers nous-mêmes.

 

Elia L.

Tantôt rédactrice, tantôt artiste, je vous invite dans mon univers oscillant entre deux mondes.

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