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Illustration IA

Art numérique : entre éphémère et quête d’éternité

Dans une ère où la technologie occupe une place centrale dans nos vies, l’art contemporain s’adapte et évolue. De nouveaux outils digitaux permettent aux artistes d’explorer des horizons jusqu’ici inaccessibles, redéfinissant la notion même de l’immortalité artistique. Cet article nous entraîne aujourd’hui aux frontières poreuses et diaphanes de l’art contemporain. Nous allons voir comment l’art à travers les innovations numériques, permet aux artistes de transcender le temps et l’espace, en se demandant si cette quête d’immortalité est réellement atteignable.

Les nouvelles technologies, outils d’éternité pour l’artiste moderne

Art numérique et plateformes d’exposition infinies

Aujourd’hui nous sommes confrontés à des technologies numériques telles que les réseaux sociaux, les galeries virtuelles et les NFT. Ces dernières permettent à l’art de circuler à une échelle mondiale, brisant les limitations géographiques et temporelles. Les NFT, notamment, offrent une nouvelle forme de collection d’art où les œuvres ne sont plus soumises à la détérioration physique. Elles existent uniquement en tant qu’entités numériques, théoriquement préservées pour l’éternité sur des blockchains.

Cependant, cette immortalité semble n’être qu’apparente car les formats numériques évoluent constamment et ce qui est à la pointe de l’innovation de nos jours pourrait être obsolète demain. L’éphémère, dans ce contexte, reste paradoxalement lié à ce désir d’éternité. En dématérialisant l’œuvre, les artistes s’ancrent dans une temporalité technologique qui peut en quelque sorte se retourner contre eux.

L’immortalité par l’interaction : l’art immersif

Depuis quelques années déjà de nouvelles pratiques artistiques explorent aussi la réalité augmentée (AR) et la réalité virtuelle (VR), où l’expérience de l’œuvre devient elle-même perpétuelle. L’artiste ne crée plus une œuvre figée, mais une expérience qui se renouvelle à chaque interaction du spectateur.

La mémoire digitale et l’archivage des œuvres

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Intelligence artificielle

Si l’art physique est soumis à la détérioration matérielle, les œuvres numériques, quant à elles, semblent promises à une existence éternelle dans le cloud ou sur des serveurs décentralisés. Mais cette promesse d’éternité repose sur des bases bien fragiles. C’est pourquoi, cette idée est-elle réellement viable ?

La fragilité des formats et des supports numériques

Les technologies qui abritent ces créations sont elles-mêmes volatiles. Le passage des supports physiques aux formats numériques pose des questions sur leur préservation : que se passera-t-il si les serveurs tombent subitement en panne ? Cette quête d’immortalité n’est-elle pas une illusion et cela pose une question cruciale : comment préserver l’immortalité de l’art à l’ère numérique ?

L’impact écologique du numérique : un coût invisible

Si les technologies numériques offrent des outils de plus en plus performants, elles ont aussi un coût environnemental considérable. Les data centers qui stockent les œuvres, les plateformes numériques et les NFT consomment d’énormes quantités d’énergie, ce qui par conséquent contribue à l’augmentation de l’empreinte carbone mondiale. De plus, la production de matériel informatique nécessaire pour créer et diffuser ces œuvres repose sur des processus industriels gourmands en ressources naturelles, entraînant des pollutions massives et une accumulation de déchets électroniques. Cette quête numérique soulève ainsi un paradoxe : en cherchant à préserver des œuvres pour l’éternité, ne risquons-nous pas de compromettre l’avenir écologique de la planète ? Et quelles sont les solutions durables ?

Les musées et galeries face à la numérisation

Les musées, souvent perçus comme les gardiens de la mémoire artistique, doivent s’adapter à l’ère numérique. L’archivage des œuvres digitales devient une priorité pour certaines institutions, qui cherchent à créer des bases de données afin de les préserver face à l’obsolescence quelle qu’elle soit. Pourtant, cette démarche archive plus qu’elle ne prolonge la vie des œuvres. Contrairement à la fresque qui continue de respirer au contact du public, l’art numérique trouve une immortalité statique, perdant sa vivacité initiale.

L’impact de l’intelligence artificielle sur l’art et la quête d’immortalité

Les récentes avancées en intelligence artificielle (IA) bouleversent également la création artistique. DALL·E, Midjourney, et les réseaux adverses génératifs (GANs) sont capables de produire des œuvres d’art à partir de simples descriptions. Si l’IA contribue à la création, elle pourrait aussi devenir un prolongement de l’artiste, voire un créateur autonome.

L’artiste humain face à l’IA créatrice

L’IA soulève des questions fondamentales : les œuvres qu’elle génère appartiennent-elles à l’artiste qui en a initié la démarche ou à la machine qui en a produit le résultat ? La machine peut-elle poursuivre cette quête d’immortalité sans intervention humaine ? Ces questions reflètent le dilemme entre la volonté humaine de créer pour l’éternité et la capacité de la technologie à transcender ces limites.

Nombreux sont les artistes aujourd’hui qui se sentent tiraillés entre la curiosité voire la fascination pour un tel outil, et la crainte de voir l’IA s’approprier la sphère créative.

Co-création et immortalité partagée

Certains artistes embrassent cette nouvelle dynamique, voyant en l’IA un partenaire de création plutôt qu’une menace. Dans la photographie par exemple, de plus en plus de festivals proposent dorénavant une section IA. L’œuvre ainsi produite devient le fruit d’une immortalité partagée, où l’homme et la machine se rejoignent dans un processus créatif symbiotique. L’art n’est plus le résultat d’une seule vision mais d’un dialogue entre des intelligences humaines et des “intelligences” artificielles, où la quête d’éternité deviendrait alors un processus collectif ?

Quoi qu’il en soit, l’IA questionne l’artiste mais pas seulement, dans une société où l’intelligence artificielle s’infiltre partout ou presque.

Depuis quelques années pourtant, nous assistons à un retour inattendu dans le monde de la musique.

La résurgence de l’analogique dans l’ère digitale

Pour cela prenons l’exemple de la musique où nous avons déjà traversé une révolution similaire avec le passage du vinyle au CD, puis la dématérialisation complète de la musique à travers les plateformes numériques. Aujourd’hui, malgré l’essor de tous ces espaces digitaux et autres applications, le vinyle fait un retour en force. Il est, incontestablement, le symbole d’une quête d’authenticité et de matérialité dans un monde de plus en plus cybernétique.

La quête d’immortalité dans l’art contemporain

À travers les innovations technologiques, elle semble s’apparenter à un mirage fascinant. Bien que les artistes modernes disposent de nouveaux outils pour transcender les limites du temps et de l’espace, la nature même de ces technologies contient un paradoxe inévitable : elles sont toutes aussi éphémères que les œuvres qu’elles cherchent à préserver.

Le fait d’être sans cesse dans cette quête, les artistes se heurtent à la fragilité des supports numériques et des algorithmes. L’art numérique semble promettre une éternité qui, en réalité, reste soumise aux aléas de la technologie. Ainsi, peut-être que cette immortalité tant recherchée n’existe que dans la perception de l’instant, un instant qui, malgré tout, finit par s’évanouir​.

Elia L.

Tantôt rédactrice, tantôt artiste, je vous invite dans mon univers oscillant entre deux mondes.

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