Aujourd’hui, nous allons découvrir ensemble quelques femmes artistes qui ont été, une fois de plus, reléguées aux oubliettes de l’Histoire de l’art. Qu’elles soient photographes, sculptrices, peintres, brodeuses, plasticiennes… elles ont toutes cette même particularité, être aujourd’hui de simples anonymes. Pourtant, talentueuses et fascinantes, elles ont contribué, en leur temps, à enrichir leur art.
Audacieuses et porte-étendards pour certaines d’entre elles, saluées ou ignorées, ces femmes artistes, du Moyen Âge à nos jours, ont profondément marqué l’histoire de l’art de leur empreinte.
Des artistes à (re)découvrir absolument
Marguerite Peltzer
Née en 1897 en Allemagne, Marguerite Peltzer a grandi dans un milieu aristocratique. Après des études de dessin et de peinture, la jeune femme ose enfin se lancer dans la sculpture, malgré la domination masculine dans ce domaine. Autodidacte, Marguerite approfondit cet art qu’elle pratique depuis sa jeunesse.
Rapidement remarquée pour son talent, elle expose à Paris au Salon des artistes français, puis dans d’autres salons prestigieux tout au long de sa carrière. Dans les années 1950, une rétrospective de son œuvre est organisée à Thonon, en France, où elle vit avec son époux. Marguerite Peltzer, aujourd’hui considérée comme une sculptrice de génie, a su repenser et réinventer le nu féminin avec une vision unique et innovante pour son époque. Elle décède en 1991 à l’âge de 93 ans.
Mey Rahola
Mey Rahola (1897-1959) est une photographe espagnole notable pour ses contributions à l’art photographique, particulièrement dans les années 1930 et 1940.
Dès son plus jeune âge, Mey a montré un intérêt pour l’art et la photographie. Elle a commencé à se faire connaître dans les années 1930, une période où peu de femmes étaient reconnues dans le domaine de la photographie. Surtout connue pour ses photographies de paysages, de scènes de rue et de portraits, son travail se caractérise par une utilisation habile de la lumière et de la composition. Elle a souvent capturé des images de la vie quotidienne en Espagne, reflétant à la fois la beauté et la réalité de son environnement.
Mey Rahola a exposé ses œuvres dans des salons prestigieux et a contribué ainsi à la reconnaissance de la photographie comme un art à part entière.
Elle s’installe en France à la fin de la guerre civile et met fin à sa carrière pourtant bien engagée. Ses œuvres ne referont surface que huit décennies après sa mort survenue en 1959. C’est donc en 2022 qu’une première rétrospective lui est dédiée en Espagne.
Félicie de Fauveau
Sculptrice française (1801–1886), Félicie de Fauveau est née à Livourne, en Italie, dans une famille d’origine française. Elle a grandi dans un milieu aristocratique et a montré très tôt un talent et un intérêt pour les arts. Elle a été l’une des rares femmes sculptrices de son époque à atteindre une certaine renommée. Elle est surtout connue pour ses sculptures religieuses.
Indépendante, Félicie de Fauveau ne se mariera jamais, ce qui est assez rare à l’époque. Autre caractéristique atypique, elle s’habillait avec des vêtements d’homme et portait les cheveux courts.
Félicie de Fauveau a exposé au Salon de Paris, où ses œuvres ont été remarquées pour leur qualité et leur originalité. Soutenue par des figures influentes de son temps, y compris des membres de l’aristocratie et des artistes contemporains, elle témoigne d’un certain prestige auprès de l’aristocratie qui lui passe plusieurs commandes.
Félicie de Fauveau était aussi connue pour ses convictions royalistes et son soutien à la cause légitimiste en France. Arrêtée, emprisonnée, puis contrainte à l’exil, elle retourne à Florence où elle continue d’exercer sa passion jusqu’à sa mort.
Uemura Shōen
Uemura Shōen (1875-1949) est une figure emblématique de la peinture nihonga et une pionnière pour les femmes artistes au Japon. Son œuvre est marquée par une finesse et une sensibilité qui transcendent le simple portrait pour capturer l’essence et la spiritualité de ses sujets. Sa contribution à l’art japonais est inestimable, et elle continue d’inspirer et de fasciner les amateurs d’art à travers le monde.
Née à Kyoto au Japon, sous le nom de Uemura Tsune, dès son plus jeune âge, elle montre un talent remarquable pour le dessin et la peinture. Elle commence ses études d’art sous la tutelle de Suzuki Shōnen, un célèbre peintre de l’école Shijō.
Shōen est particulièrement connue pour ses représentations élégantes et délicates de femmes, souvent appelées bijin-ga (美人画), qui signifie “peintures de belles femmes”.
Son style se distingue par une utilisation raffinée des couleurs, des lignes fluides, et une attention particulière aux détails des vêtements et des expressions faciales.
Elle parvient à capter la grâce et l’élégance des femmes de son époque tout en incorporant des éléments spirituels et poétiques.
Uemura Shōen gagne rapidement en reconnaissance et ses œuvres sont régulièrement exposées dans des expositions nationales et internationales.
Madame Yevonde
Madame Yevonde (1893-1975), de son vrai nom Yevonde Middleton, est une photographe britannique célèbre pour ses portraits et ses innovations dans la photographie couleur. Elle a joué un rôle crucial dans l’histoire de la photographie en introduisant des techniques novatrices et en défendant l’utilisation de la couleur dans une époque dominée par le noir et blanc.
Née à Londres, Madame Yevonde a montré un intérêt précoce pour les arts et la photographie. En 1910, à l’âge de 17 ans, elle devient apprentie chez le photographe Lallie Charles, une célèbre portraitiste de l’époque. En 1914, elle ouvre son propre studio de photographie à Londres.
Elle devient rapidement connue pour ses portraits de la haute société britannique et des célébrités.
Elle utilise le procédé Vivex pour créer des portraits vibrants et surréalistes, souvent inspirés par la mythologie et l’histoire.
Elle a photographié des personnalités célèbres de son époque, telles que des écrivains, des acteurs et des membres de l’aristocratie.
Ses photographies sont publiées dans des magazines comme Tatler, Vogue et Harper’s Bazaar.
Madame Yevonde est aujourd’hui reconnue comme une figure pionnière de la photographie, ayant brisé les conventions de son époque et ouvert la voie à de nouvelles possibilités artistiques. Son travail continue d’être étudié et admiré pour son innovation, sa créativité et sa contribution significative à l’histoire de la photographie couleur.
Jacqueline Marval
Jacqueline Marval (1866-1932) est une artiste française reconnue pour ses contributions à la peinture au début du XXe siècle. Son style unique et son approche audacieuse lui ont permis de se démarquer dans un milieu artistique dominé par les hommes.
Née Marie-Joséphine Vallet près de Grenoble en 1866, elle exerce divers métiers, dont celui d’enseignante et de couturière, avant de déménager à Paris à la fin des années 1890 pour se former à la peinture de manière autodidacte.
Elle adopte le nom d’artiste “Jacqueline Marval”, une combinaison de son prénom et d’une version modifiée de son nom de famille Vallet. À partir de 1900, elle commence à exposer ses œuvres, attirant l’attention pour son style distinctif et ses sujets souvent audacieux.
Elle développe un style caractérisé par des couleurs vives, des formes simplifiées et une sensibilité moderne, souvent associée au Fauvisme. Influencée par l’art japonais et le post-impressionnisme, elle crée un style personnel reconnaissable.
Jacqueline Marval participe régulièrement au Salon des Indépendants et au Salon d’Automne à Paris. En 1905, bien que ses œuvres n’aient pas été accrochées dans la même salle que celles des Fauves, elle participe à l’exposition qui voit la naissance du mouvement. Elle obtient une reconnaissance internationale et expose à travers l’Europe et aux États-Unis. Elle passe sa vie à Paris, où elle décède en 1932.